[Des plumes et moi] Entretien avec Loli Artésia

 

  • Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Loli ArtésiaLoli Artésia, née le 13 septembre 1991, auteur de (…) Trop Peu, roman sorti en décembre 2016.

Blogueuse littéraire, écrivain public, biographe et correctrice. Historienne de formation et ancienne archère. Inspirée par le mouvement dada. Alcoolique occasionnelle, grande fumeuse, misanthrope et fidèle à mes convictions.

Mon roman, (…) Trop Peu, est un roman court sur les retrouvailles entre deux anciens amants, Chloé et Pierre. Ils sont là pour une raison précise, consommer les retrouvailles, mais contre toute attente il ne se passe rien. Ce roman est composé sur deux rythmes distincts : le huis-clos de la chambre d’une part et le monologue intérieur de Chloé d’autre part, qui se raconte à la deuxième personne.Trop Peu

Au fur et à mesure de la lecture, on comprend que ces retrouvailles sont en fait prétexte à un nouveau départ, par la remise en question et l’affranchissement de tous les schémas passés. Il s’agit pour Chloé d’opérer une mutation interne, une catharsis nécessaire à la construction de son identité.

  • Que représente l’écriture pour vous ?

Vocation, raison de vivre, etc, c’est un peu attendu comme réponse. Pourtant, je ne peux en faire d’autre. Je crois que je vis véritablement pour écrire, ma vie n’a pas d’autre fin que celle qui consiste à prendre un stylo et à tracer des mots pour en faire une histoire, un poème, un discours.

J’ai toujours écrit mais il m’a fallu longtemps pour admettre que c’était ma seule voie possible. J’ai été tentée par de nombreux métiers et je m’éparpille dans un nombre considérable de passions, mais l’écriture est ma seule constante.

Ce n’est pas seulement le fait d’écrire, c’est le fait de bâtir sa propre vie comme une histoire. Chacun de nous fait cela en quelque sorte, chacun de nous construit une « identité narrative » pour reprendre les termes de Bergson, mais le faire en pleine conscience pour créer un personnage, une trame, etc, et le faire dans sa propre vie, se construire comme un personnage, en somme faire de son existence une œuvre d’art, c’est jubilatoire et c’est le sens que j’ai choisi de donner à ma vie.

  • Depuis quand écrivez-vous ?

Depuis que je sais écrire, c’est-à-dire depuis l’âge de quatre ou cinq ans. De là datent mes premiers poèmes et mes premières histoires qui, à l’époque, étaient un peu moralistes. J’étais plus sérieuse enfant qu’aujourd’hui à 25 ans.

  • Quels sont vos projets d’écriture à venir ?

Mon second roman, (…) Un chat à la fenêtre, paraîtra à la fin du printemps 2017. C’est un roman très particulier qui risque de déconcerter mes lecteurs, car il est fortement teinté de symbolisme.

Moins monologue que (…) Trop Peu, plus romancé, il est construit à nouveau sur la base du huis-clos, mais il s’agit cette fois-ci d’un huis-clos en miroir, où chaque personnage est le reflet d’un autre. Le point central des personnages étant le chat qui, posté à la fenêtre, représente le regard des personnages sur le monde extérieur. Certains, comme Alan, apparaissent en pointillés, ce qui ne les rend pas moins essentiels au récit.

Un recueil de poésie, La délivrance de l’accordéon, est également prévu pour fin 2017. Le premier d’une longue série.

  • Êtes-vous une petite ou grosse lectrice ? Quelle place tient la lecture dans votre vie ?

Grande lectrice certainement. Ce n’est pas une question que je me pose en fait : les livres sont dans ma vie une évidence, qu’il s’agisse de les lire ou de les écrire. Ils ont une place prépondérante.

  • Avez-vous un livre préféré ?

Un livre admirable : Les Misérables de Victor Hugo. Un roman absolument sublime, dont le tour de force réside dans des personnages qui, sans être des archétypes, sont des personnifications du XIXe siècle. Le personnage de Fantine en particulier. Une phrase me revient à son sujet : « Elle est la figure déshonorée et sévère ». La contradiction est magnifique !

  • Quels sont vos auteurs préférés ?

Il y en a beaucoup ! En littérature classique, je suis portée par la littérature russe : Tchekhov, Tolstoï, Dostoïevski, Maïakovski… Mais aussi par Musset, Sand, Sade, Camus, Sartre, Beckett. La poésie de Rimbaud m’interpelle également. En littérature contemporaine, je suis une adepte d’Amélie Nothomb, de Fred Vargas et de Parot, dans des genres très différents. Je découvre aussi chaque jour de nouveaux auteurs qui me ravissent : Sacha Stellie, Lily B. Francis, Olivier Bourdeaut, Leïla Slimani, Pauline Ségalat et tant d’autres… Il serait très, très long de les citer tous.

  • Quel livre ou auteur vous a donné le goût de la lecture ?

Disons que je situe mon premier livre mémorable vers neuf ou dix ans. Il s’agissait de La femme sous l’horizon, de Yann Quéfellec. J’ai relu ce roman au moins quinze fois depuis. C’est lui qui le premier m’a donné le goût de la neige, de la nostalgie russe et de l’ivresse. Le personnage de Tita m’a longtemps fascinée et me fascine encore.

  • Quel livre auriez-vous aimé écrire ?

De tous les romans que j’ai pu lire, le seul dans lequel je me retrouve presque complètement est L’insoutenable légèreté de l’être de Milan Kundera. C’est un chef d’oeuvre absolu à mon sens, un roman philosophique dans lequel les personnages sont des métaphores appuyant la théorie de Kundera, à savoir la dualité lourd/ léger. Une vision de la vie qui s’affranchit du moralisme chrétien bien/mal, ombre/ lumière. Un roman que chacun devrait lire une fois dans sa vie, qui interroge et bouscule nos schémas inconscients.

  • Un petit mot pour la fin ?

Merci pour cette interview très sympathique, Aurore.

Interview réalisée en février 2017.

Trop Peu

 

(…) Trop Peu est disponible sur Amazon (format Kindlebroché), sur la Fnac et Decitre.

Vous pouvez lire la fiche du livre sur Babelio.

Retrouvez Loli Artésia sur Facebook (profil – page auteur), sur Twitter et sur son site internet.

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