[Des plumes et moi] Entretien avec Ariane Payen

Bonjour les bookineurs !

Ce week-end, je vous propose de le passer avec une autrice qui nous vient de Belgique et dont j’ai beaucoup apprécié le dernier roman, Vieux os, publié aux Editions du Lion Z’Ailé. Je parle bien évidemment d’Ariane Payen.

Bon samedi à tous !

  • Bonjour Ariane. Pouvez-vous vous présenter pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas ?

J’ai dédié la première partie de ma vie professionnelle à la production de dessins animés. Je me consacre ensuite à l’écriture de scénarios (séries de dessins animés, spectacles…) et de romans.

Depuis 2009, j’organise des ateliers d’écriture en présentiel ou par Internet au travers de l’ASBL Le Choc des Mots (lechocdesmots.org). Que ce soit pour découvrir le plaisir de déployer son imaginaire ou écrire des nouvelles, des contes, du scénario et du roman, chaque atelier a ses particularités. Je relis des manuscrits pour guider dans le retravail et anime des ateliers de retravail de textes en collaboration avec CléA – la Compagnie des lecteurs et des auteurs – dont je suis membre actif.

J’ai créé le tarot de l’écrivain avec ma fille illustratrice afin de mettre mon expérience au service du plus grand nombre et de donner la possibilité à chacun de déployer son imaginaire et de contrer la page blanche.

Depuis 2009, j’écris des romans pour la jeunesse (SFX chez Averbode, Sacré chewing-gum chez Edilivre) et pour les adultes (Des vies sans procuration chez Edilivre, Sitatunga et Vieux Os au Lion Z’Ailé de Waterloo).

Ces deux activités principales me permettent de nourrir ma passion en continu : découvrir et faire découvrir le plaisir d’écrire.

  • Que représente l’écriture pour vous ? Depuis quand écrivez-vous ?

Ainée d’une fratrie de trois, j’ai dû commencer à raconter des histoires un peu après la naissance de ma petite sœur, vers quatre ans. C’est avec la découverte des livre de Laura Ingalls et ses tomes de La petite maison dans la prairie que l’idée d’écrire des histoires a germé.

  • Votre dernier roman, Vieux os, est paru il y a quelques mois aux Editions du lion Z’ailé. Pouvez-vous nous en parler ?

C’est l’histoire d’un village – Mont-les-Sources, qui ne se trouve que sur la carte de mon imagination – où les personnages évoluent autour de trois lieux stratégiques : le zoo, la maison de retraite et le café en face de l’église. Ils sont tous plus ou moins cabossés par la vie : Jean-Pol rêvait d’être directeur de prison aux USA et se retrouve à la tête d’un zoo de province en Belgique, Le Rêve Sauvage. Nathalie est vieille fille. Responsable de la maison de retraite les Lampions, elle garde parmi ses pensionnaires l’acariâtre sœur Marie-Monique, ancienne directrice qui s’accroche à son titre. Paulette de Brabantère est SDF alors qu’Henri de Malaxhe de Vernant est millionnaire. Roger et Ginette tiennent « La Claire Fontaine » où coule une source d’eau miraculeuse… Quel que soit leur âge, ils auront tous droit d’une façon ou d’une autre à une deuxième chance.

Vieux os est disponible en broché et en numérique aux Editions du Lion Z’ailé

  • D’où vous est venue l’inspiration pour ce roman ? Quel a été le point de départ ?

Je prenais souvent le train à l’époque et dans le journal « Metro » qu’on trouvait gratuitement dans les gares, il y avait plein de mini articles avec des faits divers hétéroclites. Moi qui ai toujours détesté lire le journal, écouter la radio ou regarder le journal parlé (cela me file des angoisses), je me surprenais à éplucher cette feuille de chou à la recherche d’informations insolites que je découpais et collais dans de petits carnets. Je me suis inscrite à un atelier d’écriture (on était en 2008 et j’ignorais jusqu’à l’existence de ce genre de lieux) et j’ai embarqué les carnets. Quand il a fallu créer les portraits, j’ai choisi pour chacun.e les faits divers qui collaient avec son caractère. C’est un roman qui est resté longtemps dans mes tiroirs, mais qui voulait absolument en sortir. J’ai compris qu’il ne me laisserait pas tranquille alors je l’ai retravaillé, forte de tout ce que j’avais appris et vécu entretemps et le voilà, plus vivant que jamais.

  • Pouvez-vous nous parler de vos autres romans ?

Sitatunga est sorti l’année dernière au Lion Z’Ailé. C’est l’histoire de jumelles nées en 1868 en Kassaï Oriental (Congo). Elles héritent des pouvoirs de leur grand-mère chamane et auront à affronter les humeurs de leur mère, cheffe de village et de son nouveau mari, Kayembé – un sorcier. Elles auront aussi à faire face à la colonisation, mais tout cela serait moins intéressant s’il n’était pas question d’amour et de haine, les deux versants de la passion.

Des vies sans procuration est sorti en 2014 chez Edilivre. Huit femmes, amies de longue date dans la quarantaine, décident de se rendre à Marseille en camionnette pour les 60 ans de Jean-Jacques Goldman. Ce voyage sera l’occasion de refaire le chemin qui les sépare de leur adolescence en suivant les traces de leur idole.

Sacré Chewing Gum est sorti en 2011 chez Edilivre. Une poubelle raconte, depuis sa cuisine, la vie d’une famille nombreuse : les parents et quatre enfants. Elle donne des noms de chewing-gum à chacun des personnages. Le père, c’est Stimoril, la mère Freedent… La grand-mère – Bazooka – va fêter ses 90 ans.

SFX est sorti en 2009 chez Averbode. Philippe Pringent, le prof d’arts d’expression présente à sa classe le programme du trimestre: le dossier de production et les travaux de groupe qui s’en suivront. Quatre sujets = quatre groupes de cinq élèves. Et il leur donne cinq minutes pour le décider. Louise, Emma, Cyprien, Gaspard et Carl se trouvent ensemble sans l’avoir choisi et devront traiter le dernier thème : le dessin animé.

  • Vous êtes également scénariste. En quoi l’écriture d’un roman est-elle différente de celle d’un scénario ?

Oui, c’est différent, dans la mesure où, dans mon cas, c’est un travail de commande. Il y a un concept de série (en l’occurrence de dessin animé), un format (7 minutes, 13 minutes, 26 minutes…), un public (enfants de maternelle ou de primaire) et je dois proposer des idées d’épisodes. Il y a une structure préétablie, un univers spécifique, un nombre de décors, de personnage, d’effets spéciaux à ne pas dépasser. Il faut d’abord proposer une idée qui tient en une phrase, le pitch. Si elle est retenue, on déploie le synopsis en une page et puis seulement on écrit les dialogues. A chaque étape, plusieurs intervenants approuvent (ou pas) et on attend le feu vert pour passer à la suivante. Du coup il faut d’abord mettre de l’ordre dans les idées et les enchainements. Et puis écouter les commentaires et repartir sur le projet en tentant de garder une certaine fraîcheur pour être en mesure de rebondir.

Non, ce n’est pas différent, car on est dans le « donner à voir ». Quand on écrit du scénario, il faut montrer ce qui se passe. On a droit à une caméra et un micro. On n’a pas plein de place pour expliquer ce que ressent ou pense le personnage. On doit écrire des dialogues qui sonnent très juste. On doit induire une suite logique entre les scènes sans être ni redondant ni lourd. Et tout cela, c’est précieux quand on écrit du roman. Une chroniqueuse a dit que Vieux Os était très scénarisé et je l’ai pris comme un joli compliment. Je me dis qu’elle a apprécié les rebondissements, qu’elle a eu le sentiment que rien n’était là par hasard et surtout, qu’elle a eu des images dans la tête et sans doute même des voix…

  • Avez-vous des projets d’écriture à venir ?

J’ai tenté de mettre de l’ordre dans les idées en ce début d’année 2023. Parmi les 17 idées sur lesquelles j’ai plus ou moins de notes suivant les cas, il y en a une qui caracole en tête de liste. C’est l’histoire d’une nana qui s’éveille le jour de ses 51 ans en décidant qu’il est temps de changer de signe du zodiaque. Elle est Balance ascendant Scorpion. Elle a quatre enfants de quatre pères différents et sa vie est tout sauf un long fleuve tranquille. Elle en a marre de jouer les gentilles Balance, il est temps de s’affirmer en Scorpion. On la suit pendant 53 semaines rassemblées.

  • Merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions. Avez-vous un petit mot pour la fin ?

Écrire, dans mon cas, c’est vital. C’est ce qui m’apporte un équilibre. C’est un processus interne. Mon plus grand plaisir est que le résultat puisse être partagé et que ces histoires rencontrent des lecteurs. Pouvoir exister dans le monde grâce à l’écriture, voilà le Graal. Quand je serai grande, je serai romancière. 🙂

Interview réalisée en mars 2023.

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